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French critical theory ?



Depuis plusieurs décennies, un nouveau courant de pensée serait-il en train d’émerger sous la forme d’une théorie critique française ? La question mérite d’être posée tant il est frappant que, dans l’univers de la philosophie politique, la constellation Lefort – Abensour – Castoriadis – Balibar – Rancière (dans une liste non exhaustive) rencontre un écho croissant de l’autre côté de l’Atlantique qui met en relief son influence au sein de la philosophie dite « continentale ». La réception anglo-saxonne de ce versant minoritaire de la philosophie politique de langue française dessine, en effet, une voie singulière qui tranche avec l’emprise persistante de la French Theory (Foucault, Deleuze, Lyotard, Derrida, Baudrillard…). Peut-on pour autant évoquer l’émergence d’un courant hétérodoxe malgré son hétérogénéité ?

L’enjeu de cette journée d’études pourrait donc consister à approfondir l’hypothèse d’une théorie critique française politique : il s’agirait, non pas de fabriquer de toutes pièces une école de pensée homogène mais plutôt de reconstruire des passerelles et de confronter, autour d’enjeux et de débats contemporains, des auteurs qui ne dialoguent qu’avec parcimonie.

La « French Critical Theory », du titre d’un ouvrage collectif paru en 2007 ( Recognition, Work, Politics. New Directions in French Critical Theory, sous la direction de JP Deranty, D. Petherbridge, J. Rundell, R. Sinnerbrink) creuserait son sillon à distance du post-modernisme issu de la French Theory et de la déconstruction systématique des postulats métaphysiques du sujet, de l’histoire et de la raison. Le centre de gravité de cette ligne de pensée transversale se situerait plutôt autour d’une exploration critique de la démocratie, comprise comme une forme de société ouverte à l’histoire et au nouveau, et qui interrogerait les conditions de possibilité et les voies empruntées par la subjectivation politique et la rationalité du conflit. En ce sens, ce courant pourrait être rapproché de la Théorie critique de l’Ecole de Francfort, notamment à travers le rapport critique qu’elle entretient avec la philosophie politique traditionnelle et sa contribution au décloisonnement des frontières disciplinaires par la mobilisation des sciences humaines, de l’anthropologie ou encore de la psychanalyse. Cette proximité ne doit cependant pas entraîner une confusion entre l’une et l’autre : si Lefort, Abensour ou Castoriadis (pour ne citer qu’eux) articulent leur pensée du politique et de l’émancipation à une critique de la domination sous ses multiples visages, ils refusent de rabattre la politique sur la domination, pour éviter de s’enfermer dans le catastrophisme. Il reste que ce paradigme en devenir s’inscrit aussi en faux vis-à-vis de l’irénisme du versant le plus exposé des théories politiques qui se focalisent sur le consensus comme ciment de l’ordre socio-politique, au détriment des brèches conflictuelles synonymes de désordre.

Chercher à saisir le sens et la portée d’un mouvement théorique qui ne se donne pas comme tel, implique de partir des affinités de pensée qui relient des conceptions à la richesse heuristique encore largement sous-estimée, telles que la sauvagerie des luttes pour les droits ou de l’insurgeance, la rencontre conflictuelle et incommensurable entre police et politique, la démocratie comme projet d’autonomie ou comme illimitation. D’où l’hypothèse d’une théorie critique française qui tournerait autour des défis et des risques que présente l’expérience démocratique et qui passerait par la relecture de Marx, le refus de faire du pouvoir, de la loi et de l’Etat un maléfice, enfin, la mise en exergue d’une dimension utopique, qu’elle soit sous-jacente ou saillante. Sans conférer à ce courant une unité artificielle qui correspondrait à une étiquette, ni prétendre à une élucidation exhaustive des apports respectifs et des apories de chacun de ces auteurs, l’objectif, plus modeste, serait de faire ressortir la spécificité et la fécondité d’une philosophie politique française critique, dont les voix discordantes pourraient bien dessiner les contours provisoires et inachevés d’un horizon de sens partagé.

Arthur Guichoux

Programme :

9h Accueil des participants

9h15 - 9h30 Introduction par Etienne Tassin

9h30 – 12h30 Défis et apories d’une théorie critique française.

- Manuel Cervera-Marzal : Philosophie de l’anarchie vs anarchisme politique ?
- Arthur Guichoux : Sauvagerie démocratique et critique de la politique

Discussion

- Anders Fjeld  : Rancière critique de la philosophie politique critique
- Juan Pablo Yáñez  : Approaching the Chilean philosophical political context from Miguel Abensour

Discussion

12h30 – 14h Déjeuner au restaurant Buffon

14h – 16h Une constellation de pensée critique sous tension ?

- Mattia Di Pierro : Penser avec Machiavel : conflit, émancipation et l’antinomie du politique
- Giuseppe Santangelo : La théorie critique contre l’Etat
- Eduardo Tomaz Lefort – Lyotard : le trait d’union performatif
Discussion

16h – 16h15 Pause

16h15 – 18h Why Lefort matters ?

- Justine Lacroix et Jean-Yves Pranchère : Présentation du programme de recherche ULB

Discussion

18h Clôture de la journée

Contact : arthur Guichoux <arthur.guichoux@gmail.com>





Documents

Programme (doc, 16 ko).


Calendrier

  • vendredi 13 janvier 2017, 09h-18h, Bâtiment Olympe de Gouges, Université Paris Diderot-Paris 7.
    Journée d’étude


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